Quelque part

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Quelque part

Un projet audiovisuel de Nicolas Wintsch

Note d’intention

« Quelque part » est un projet transversal mêlant arts visuels, son et intelligence artificielle. Il s’inscrit dans une recherche au long cours autour des formes naturelles, des phénomènes physiques et de notre relation sensible aux éléments. Il propose une expérience sensorielle modulable, conçue pour dialoguer avec différents contextes — théâtres, musées ou lieux d’exposition— et pour toucher un public en quête d’expériences visuelles et sonores singulières.

Le projet se décline en trois volets complémentaires

• Une installation murale de deux séries d’images imprimées
  (White-holes et Fingerprints)
• Une installation immersive audiovisuelle d’une vingtaine de minutes, conçue pour tourner en boucle
  (animations vidéo à partir des images générées avec l’IA)
• Une performance live d’environ une heure, où je mixe en temps réel image et son sur scène
  (mixage vidéo et son à partir des animations vidéo réalisées avec les images générées avec l’IA)
  
  

Les images proviennent de mon travail de création numérique — croquis, peintures, compositions visuelles — enrichi récemment par une exploration à l’aide de l’intelligence artificielle.

Les images imprimées (White-holes et Fingerprints) ainsi que les vidéos projetées évoquent des mondes familiers et pourtant radicalement autres. On y perçoit la trace d’une vie organique, minérale ou atmosphérique. Comme si l’on voyageait à travers une ère post-humaine, pré-humaine, ou sur une planète lointaine. Ce sont des territoires possibles, nés d’une tension entre mémoire et fiction, entre nature observée et nature rêvée.

Les images générées par l’IA ne cherchent pas à imiter le réel, mais à en révéler des couches cachées, des forces souterraines. Elles émergent de prompts inspirés des quatre éléments — terre, eau, air, feu — qui forment le socle de mon imaginaire artistique. Je suis fasciné par la manière dont l’IA peut suggérer des phénomènes naturels irréels, des paysages improbables mais étrangement crédibles, ouvrant ainsi de nouvelles pistes de narration visuelle.

Qu’elles soient projetées ou imprimées, les images représentent des paysages, des détails, des textures, des microcosmes : une mousse inconnue, une lumière d’un autre monde, une matière vivante indéfinissable. Ces univers, à la fois vastes et minuscules, dégagent un sentiment de surnaturel, comme si l’on entrait dans un monde sans humains — mais pas sans vie.

Le son

Je développe la composition sonore de Quelque part comme un paysage en soi. Elle ne commente pas les images — elle les prolonge, les respire, les contredit parfois. Elle est faite de bulles d’air, de souffles filtrés, d’échos forestiers, de nappes granuleuses, de fourmillements, de bruissements, comme autant de fragments d’un monde sans mots.

Captée principalement dans la nature, retravaillée en studio, filtrée par des effets analogiques et numériques, la matière sonore explore les mêmes tensions que les images. On y devine la présence d’éléments primordiaux — l’air, l’eau, le feu, la terre — transfigurés en motifs sonores flottants.

Chaque son est pensé comme une strate géologique, un courant invisible, un organisme microscopique. Il ne s’agit pas de créer une musique au sens traditionnel, mais une atmosphère mouvante, vivante qui respire. Un espace d’écoute où l’on se perd comme dans un paysage brumeux ou un rêve aquatique.

Dans l’installation immersive, la bande-son est en boucle, telle une horloge d’un autre temps. Elle agit sur le corps autant que sur l’esprit, induisant un état de perception propice à la contemplation.

En performance, elle devient une matière à manipuler en direct : sons étirés, amplifiés, étouffés, confrontés les uns aux autres dans une dramaturgie subtile et improvisée. Elle constitue un autre récit, parallèle, souterrain.

Ici, le son est un élément à part entière du monde Quelque part : une trace fossile, une mémoire acoustique d’un monde qui a peut-être existé — ou qui existera.

L’installation audiovisuelle invite à une traversée sensorielle, un espace-temps suspendu dans lequel on peut circuler, s’arrêter, s’asseoir confortablement et se laisser porter par le flux des images et les vibrations sonores.

En performance, ce dispositif devient un rituel numérique où la matière visuelle et sonore respire, se transforme, vibre en direct sous les yeux du public.

Au cœur de ce projet, une inquiétude : celle de l’état de notre planète. Sans moralisme, il reflète une conscience de notre capacité à détruire le vivant — et à nous autodétruire. Mais il ouvre aussi un espace d’émerveillement face aux forces élémentaires, à la beauté étrange d’un monde possible, passé ou futur, réel ou imaginaire.